Notre imaginaire est tellement saturé d'images des emblèmes de la ville de New York - Statue de la Liberté, Empire State Building, Time Square et ses écrans géants, taxis jaunes, gratte-ciel brillants comme des miroirs, Soho, Greenwich Village etc... - qu'on se demande si, après tout, on pourra être surpris, ou si on ne sera pas déçu par la réalité.

La réponse est NON!

C'est une ville très étonnante. Pourquoi?

C'est une ville de contrastes:

- D'abord, grand ou petit? - les problèmes d'échelle. Quand on prend le ferry touristique qui mène à l'Ile où est posée la Statue de la Liberté, on a une vue avec beaucoup de recul sur le sud de Manhattan. De loin, les tours semblent assez gigantesques, mais quand on revient vers le quai et qu'on s'en rapproche, l'ensemble semble de taille moyenne, et fait décors de studio.

Vue du ferry ou depuis Liberty Island, la ville semble monumentale.

De plus près, les bâtiments semblent beaucoup plus petits, presque modestes!

Effet inverse avec la Statue de la Liberté. Vue depuis le ferry, à bonne distance, elle semble assez petite, et on se demande avec inquiétude si on n'a pas fait une montagne d'une taupinière.

Une fois qu'on en est plus proche, on se rend bien compte que ce n'est pas une statue de parc public.

Une riche idée que les Américains ont eu de la placer sur une île, à l'embouchure de l'Hudson, sur un haut piedestal qui la magnifie. Comme elle est française  cette statue de femme qui incarne la Liberté éclairant le monde, en toute simplicité! Double cocorico, car la pierre du socle qui supporte la statue est de la pierre de Crazanne, dont les carrières se trouvent à une cinquantaine de kilomètres au sud de La Rochelle (vous avez forcément traversé cette carrière si vous avez déjà pris l'autoroute Paris-Bordeaux). 

- Un style architectural? Verre, brique, pierre, acier: modernité et classicisme, environnement urbain.

Pas d'uniformité de style architectural dans cette ville:

* Style georgien du XVIIIème siècle (style principal des pays anglo-saxons, du nom des 4 Georges qui ont régné entre 1714 et 1830) et Victorien (période de la Reine Victoria, 60 ans plus tard): brique et pierre, couleurs rouge, brun, et blanc.

* Style néo-gothique: bâtiments du XIXème siècle dans un style inspiré des codes architecturaux du Moyen-Age. Pierre claire, ou un peu ternie.

Trinity Church, Brooklyn Bridge, style néo-gothique.

* Style gratte-ciel: tout est possible

Grands gratte-ciel récents à façade de miroir.

 Style Beaux-Arts (néo-classique éclectique) du Flatiron building, "le fer à repasser", aussi immeuble de Spiderman, qui a dû prendre une forme triangulaire pour épouser la forme de la seule intersection qui ne soit pas à angle droit de New York, le croisement de la 5ème avenue et de Broadway. C'est un vieux gratte-ciel (1902). Sa structure est en acier. 

   Forme pyramidale d'un gratte-ciel derrière l'arche de Washington, à Washington Square. Cette construction avec les étages supérieurs en retrait apparut quand la législation sur la construction des immeubles en fonction de la taille de la parcelle se durcit. L'Empire State Building (années 30) est aussi construit comme ça.

Vous vous rappelez, le pauvre King-Kong réfugié en haut de la tour, et attaqué de toute part? 

Et la construction dans les années 30 se souciait peu de la protection du travailleur...

* Style international

Musée Guggenheim.

Walt Disney Concert Hall.                                                             ONU.

 Pas d'harmonie de style veut-il dire pas d'harmonie? Non. La juxtaposition des styles, des formes ne pose pas de problème. On se demande quand même comment des bâtiments qui ont été construits sans plan d'ensemble, à différentes époques, dans des styles très marqués, peuvent former un ensemble aussi réussi... C'est comme si vous mettiez un bob, une robe couture, et des bottes de pluie...

- Ancien temps et modernité: présent / passé. Y être, ou pas...

Vue depuis Ellis Island, "the Isle of tears", où s'effectua de 1892 à 1954 le contrôle de l'immigration: dedans/dehors, avant/après, pour 12 millions de personnes. On trouve donc encore des Américains  qui ont transité par Ellis Island, ou dont les parents l'ont fait. 

L'arrivée après une soixantaine de jours en mer devait être assez impressionnante, et la vision de la Statue de la Liberté devait ajouter de la solennité au moment, sans doute grave, pour beaucoup, car grande était la peur de ne pas être accepté sur le sol américain. Par le fait, il y avait peu de chance d'être refoulé (2% des candidats l'étaient, essentiellement si on les avait repérés comme malades ou s'ils avaient un profil de futur assisté social ("liable to public charge"). Cependant de vrais drames eurent lieu sur l'île, quand par exemple, raconte une dame qui témoigne de son expérience via l'audio-tour proposé, la vieille grand-mère qui n'avait qu'un ongle incarné pour toute maladie fut renvoyée au pays alors que toute sa famille restait, ce qui revenait à un adieu.

Arrivée à Ellis Island, qui a des airs de petit palais, mais cache un univers carcéral qui n'est pas sans rappler Alcatraz: construction sur plusieurs niveaux, avec une coursive intérieure donnant ici sur des salles, à Alcatraz sur des cellules, même structure susceptible d'amplifier le bruit d'une foule nombreuse, mêmes carrelages "hygiéniques" couleur beige typiques des bâtiments publics.

  Le musée qui occupe maintenant les lieux expose des documents d'époque - lettres, certificats médicaux, listes de personnes - et des objets ayant appartenu aux migrants - valises, objets précieux, jouets, effets personnels - donnés par des familles au musée.

Les témoignages enregistrés puisent parmi les souvenirs des anciens migrants, qui ont tous été marqués par ce passage, soit par l'orange qu'ils avaient mangé pour la première fois, soit par l'adieu déchirant à l'aîné, même si celui-ci n'avait que l'âge de raison.

Charlie Chaplin dans The immigrant (1917), et Elia Kazan, dans America, America ( 1963) ont donné un visage à l'immigrant venu d'Europe et au-delà.

On lit sur ces visages l'attente, l'anxiété ou la joie à l'approche de cette Terre Promise.

La ville moderne

Times Square, la "Place de l'époque" si on veut, ainsi nommée parce que le premier siège du New York Times était là, est bien la place des temps modernes: écrans géants, lumières voyantes, happenings permanents... Sans doute les immigrés d'Ellis Island n'auraient pas reconnu leur New York...

Effet miroir avec l'écran géant. Vous nous voyez à l'écran? 

- Culture, subculture, nature...

* La culture pure

Le MET (Metropolitan Museum) est assez ancien (1872). Il contient deux millions d'oeuvres d'art, au sens classique, comme tableaux, sculptures et antiquités gecques et romaines, mais aussi temple Egyptien, morceaux de cathédrales, vêtements, armures, arts décoratifs etc...

Il y a aussi le MOMA (Museum of Modern Art), et le Guggenheim Museum. Nous ne les avons pas faits, ayant vérifié par nous-même le principe selon lequel le petit enfant n'est pas spontanément attiré par le Guggenheim Museum... 

* Subculture: au sens américain, rien de péjoratif au mot de "subculture", "sous" renvoyant ici à une simple sous catégorie. Les sous-cultures s'opposent à la société de classe, refusent la société de masse, se démarquent par leur excentricité.

La subculture est sous nos yeux à Greenwich Village, 181 West 4th Street, où nous logeons pour la semaine. Juste en face de chez nous, qui sommes au premier étage, un salon de tatouage. Nous y voyons beaucoup de tatoués qui viennent se faire faire un nouveau tatouage, devant nos yeux, car pour se faire de la pub, le tatouage se fait en direct juste derrière la vitrine. Un homme assez costaud est entré, déjà ultra tatoué de partout. Du coup, on s'est un peu demandé ce qu'il voulait de plus, quant il a levé les bras et a désigné dessous les aisselles pour le futur tatouage. C'était tout ce qui restait comme place! Et puis il y a beaucoup de couples qui viennent se faire tatouer en même temps. Ils ressortent l'air super content.

Greenwich village, "the village", est résidentiel, et assez différent du reste de la ville. Le plan cadastral ne s'y applique pas partout. Pas mal de mouvements culturels avant-gardistes sont partis de là (y compris le mouvement de libération gay dans les années 70) et il y a beaucoup de galeries d'art et de théâtres expérimentaux. La Gay Pride, qui a lieu le dimanche 25 juin, est un grand moment du village. 

* Nature

Washington Square

Superbe jardin que ce jardin sous la terre duquel reposent 20 000 âmes, indigents ou victimes de la fièvre jaune au début du XIXème siècle...

Ajourd'hui, on se prélasse sur ses pelouses ou on y joue aux échecs.

Central Park

Peut-être encore plus incroyable que le reste. Hyper géométrique, très aménagé, en contraste extrême avec les gratte-ciel qui l'entourent.

Franchement à couper le souffle. Incroyable dans sa rectangularité parfaite.

Il a fallu 20 ans pour faire ce parc qui était un marais transformé en dépotoir et en lieu d'élevage de cochons. Des ouvriers ont charrié des montagnes de terre, arasé les rochers, pour en faire ce miracle de nature.

Sculpture d"Alice au Pays des Merveilles.

Un manège du parc, mais pas celui de Volte-face! 

- Ville américaine, ville cosmopolite

Chinatown

Très authentique Chinatown, avec de vrais magasins et de vrais habitants, de vrais candidats du coin aux élections pour le Sénat ou la Chambre des représentants.

Beaucoup, beaucoup de nationalités à New york, et une ambiance décontractée, comme dans toutes les grosses villes américianes que nous avons fréquentées. Les Américains sont calmes, et très polis, même dans les grandes villes. On peut leur envier leur tempérament placide, leur capacité à vivre ensemble. Il y a un fort lien social ici, et une véritable culture de l'entr'aide. Dans toutes les situations un peu critiques que nous avons traversées - nos multiples crevaisons, les bobos des enfants - il y a toujours eu quelqu'un pour s'arrêter, demander si quelque chose pouvait être fait, si on allait bien. Dommage que cette très bonne attitude n'inspire pas le système de santé ou d'assurance, où c'est chacun pour soi, mais le sens de la responsabilité personnelle l'emporte dans ces domaines.

Dans le sens inverse, chevelus et barbus....

It's us! We didn't steal anything!

Qui ne connait pas Washington, capitale fédérale des USA?

Quelques faits rigolos et moins connus: 

- C'est la capitale de tous les états, et pourtant elle n'est dans aucun état! "DC" veut dire "District of Colombia" 

-Pas de gratte-ciel à Washington, et il n'y en aura jamais.

- Washington s'appelle comme ça en hommage au premier président des Etats-Unis, George Washington. Il n'a pourtant jamais vécu à la Maison Blanche, dont la construction a été achevée après sa mort.

- La maison blanche, qui paraît toute petite à côté des représentations qu'on en a, comporte quand même 35 salles de bain!

- Le même architecte a dessiné les jardins du Capitole et Central Park, à New York, Frederic Law Olmsted.

- Les musées sont gratuits: regroupés le long d'une artère pricipale, 19 musées géants, du Museum d"Histoire Naturelle au Musée de l'aéronautique et de l'espace, en passant par des musées d'art, où Monet, Renoir, Pissaro, Rodin, Gainsborough s'exibent pour pas un dollar! La "Smithonian Institution" a été fondée par James Smithon, un anglais qui a légué sa fortune à la ville pour ouvrir des musées, alors qu'il n'avait jamais mis les pieds en Amérique.

Monet                                                                                                                                           Hopper

Renoir

- La statue de Martin Luther King a été fabriquée en Chine (par un grand sculpteur, pas dans une usine). MLK Memorial.

-Le Washington Monument a été le monument le plus haut du monde jusqu'à la naissance de la Tour Eiffel, quelques années après.

- Ledit Georges Washington, en plus de descendre de colons anglais, descendait d'un Français Huguenot originaire de l'Ile de Ré, Nicolas Martiau, le premier émigré français de Virginie arrivé sur le sol américain sur le Francis-Bonaventure en 1620, avant les Pilgrim Fathers du Mayflower! Et Georges Washington a aussi des ancêtres commun avec Elizabeth II d'Angleterre!

 Washington Monument

- Les rues portent les noms des lettres de l'alphabet, ou des chiffres: "M street" par exemple, "7th Street". Mais il n'y a pas de "J street". Ce serait peut-être une vengeance de l'architecte du plan de rues Pierre L'Enfant, qui détestait un certain John Jay, président de la cour suprême.

- Ville des monuments et des mémoriels: Washington rend hommage à tous ceux qui ont construit l'Amérique, des premiers présidents aux hommes politiques en passant par les combattants des guerres récentes.

World War II Memorial, deux demi-cercles de colonnes sur lesquelles sont inscrits les noms des différents états américains, autour de deux arches, "Atlantic" et "Pacifique". Un monument assez récent (inauguré en 2004).

Champ de bataille de la guerre de Corée, combattants d'acier.

Lincoln Memorial, au bout du National Mall (Esplanade Nationale). 36 colonnes pour les 36 états à l'époque d'Abe Lincoln.

Le 28 août 1963, Martin Luther King a prononcé le célèbre "I have a dream" depuis le Lincoln Memorial, où se trouve une immense statue de Lincoln assis. 250 000 personnes. Marche sur Washington. C'était symboliquement très intéressant de prononcer un discours sur l'avenir d'une nation divisée aux pieds d'un des fondateurs de la nation.

Washington Monument, obélisque en hommage à Georges Washington. Il paraît que par vent fort, il oscille de quelques millimètres.

Jefferson Memorial

Le Capitole, siège du Congrès.

Ecureuils pas farouches partout.

Charleston possède bien des atouts: la plus ancienne ville de Caroline du sud a du charme, avec ses rues pavées bordées de maisons ante-bellum aux couleurs pastel et aux jardins soignés, son quartier français, ses calèches, ses magnolias, son bord de mer qui ressemble au mail de La Rochelle. 

Charleston est chargée d'histoire: fondée en 1670 par des anglais, puis ville des Huguenots français au XVIII ème siècle, au coeur des 13 colonies dont elle était la 5ème ville la plus importante, ville stratégique dans la guerre d'indépendance, plaque tournante du commerce triangulaire, ville-clef durant la guerre de Sécession.

Des maisons à façade en bois dans le style colonial ou néo-colonial, mais aussi avec des façades ocre, saumon, beige, qui font penser à l'Italie. Plein de fleurs aux fenêtres, des placettes et des rues calmes bien ombragées, des fontaines.

Il ne fait jamais froid à Charleston. Même en novembre, il fait 27°! Mi-juin, les températures atteignent 100° Farenheit (35°Celcius). Les enfants prennent d'assault les fontaines et les jets d'eau.

Il doit faire bon vivre à  Charleston, pas de doute. La ville est à taille humaine, elle n'a pas le côté ville-musée de Savannah, mais on y rencontre de vrais habitants. A en juger par toutes les ruelles paisibles, certains ont su s'y faire un petit paradis. Très difficile de s'arrêter dans ces quartiers, car seuls les résidents munis d'un permis y sont autorisés, ceci dans des zones entières de la ville. On ne peut pas dire que la ville soit envahie de touristes, bien qu'elle soit une destination américaine courue. 

Pinckney Inn, un hôtel ancien rénové, avec sa façade ocre.

Charleston se targue d'avoir de très belles plages à moins de 30 mns en voiture. Et d'être l'une des villes où on mange le mieux aux Etats-Unis. Sans parler de la gentillesse des gens du sud - à vrai dire cette gentillesse est typiquement américaine...

A une heure d'Hilton Head où nous avons posé nos valises, Savannah est le principal port à l'embouchure de la rivière Savannah, en Géorgie. Elle fut fondée par le Général Oglethorpe en 1733, qui en dessina le plan en damier, le premier de ce genre en Amérique, et l'agrémenta de 24 magnifiques squares (dont 22 subsistent) qui en font le charme et l'originalité. Les premiers colons furent Ecossais et Anglais, Juifs, puis Français. Elle fut pendant la guerre de sécession une ville-clef des sudistes. Aujourd'hui, plus de la moitié de la population est noire, et la ville est une destination touristique importante, car elle a gardé son charme de vieille ville du sud et n'a aucune tour géante ou building ultra moderne.

Johson Square, le premier square construit, qui porte le nom du premier gouverneur de Géorgie.

Ci-contre, Monterey Square, "Mercer House" (en brique rouge), la maison où a été tourné Minuit dans le jardin du bien et du mal (Clint Eastwood 1987), avec pour personnage Jim Williams, qui cherche à préserver les maisons du quartier.

Clint devant la Mercer House, avec Kevin Spacey et John Cusack.

La guide ne semble pas le moins du monde intéressée par Clint Eastwood, sans doute peu connu comme metteur en scène dans son propre pays, et préfère s'apesantir sur Forest Gump dont une scène sur un banc a été tournée là.

Franklin Square, du nom de Benjamin Franklin, monument des Haïtiens qui vinrent défendre la ville lors de son siège pendant la Civil War . La plus vieille église noire d'Amérique se trouve ici.

A quelques centaines de mètres du coquet quartier historique, en contrebas, le "Factors Walk", le long des quais, est l'ancien quartier des docks réaménagé en rue des boutiques branchées et des pubs à ambiance. C'est sur ces quais que se négociait le cours du coton à l'époque où la Géorgie était un état de plantations et d'esclaves. Comme dans le vieux quartier historique, les pavés d'origine sont toujours là. Les bateaux à roue à aube sont amarrés le long de la Savannah, mais ce sont les immenses porte-containers qui font le gros du trafic.

 Il fait plus de 30°...

 Nous retournons sur notre île...

Nous voici à Hilton Head, une île touristique de Caroline du Sud qui fait partie d'un archipel. Cette île magnifique en forme de pied a développé un tourisme à la fois assez invasif et respectueux de l'environnement. Des "gated communities", c'est à dire des zones résidentielles avec gardien à l'entrée auxquelles on n'accède que si on y habite ou si on y est invité se sont développées à proximité des plages. Nous sommes dans la communauté appelée "Shipyard".

Les promoteurs ont bâti au milieu du bayou de petites maisons blanches avec un bardage de bois dans le style des maisons du sud, c'est à dire surélevées pour échapper aux bestioles, et comprenant une terrasse en bois couverte à l'avant et à l'arrière. Des pistes cyclables sillonnent tout le village, et permettent d'aller facilement à la plage à un kilomètre. Piscines, golfs, tennis, sont intégrés.

La nature a-t-elle pour autant perdu ses droits? Pas du tout. La végétation luxuriante domine, et les animaux indigènes sont bien là. La matin, en nous levant, nous allons sur la terrasse arrière voir si notre voisin alligator est là, dans son marigot. Ca n'est pas toujours facile de le repérer. S'il n'est pas là, c'est qu'il est en chemin, car il vient toujours se tapir et attendre qu'un membre de la famille écureuil qui habite dans le grand palmier descende et vienne boire, ou bien un héron, ou un tangara. Heureusement, il n'a jamais rien croqué sous nos yeux...

Il est formellement interdit de nourrir les alligators, sous peine d'amende de 1000$ (on ne plaisante pas avec les infractions sur l'île: l'excès de vitesse coûte aussi 1000$ plus 30 jours de prison).

Leur donner à manger les rend peu craintifs de l'homme et les conduit à associer ce dernier avec l'idée de nourriture, ce qui peut entraîner de l'aggressivité de la part de l'animal. "An alligator fed is a dead alligator": tôt ou tard l'alligator nourri devra être retiré de son environement, la plupart du temps tué, parce qu'il a développé des signes d'agressivité envers les humains.

Les petits alligators que l'on voit depuis la maison ne posent pas de problème, même s'ils mordraient si on les approchait. Mais tant qu'on reste à distance et qu'on ne les provoque pas, ils se tiennent sagement dans leur bras de bayou à attendre leur proie. J'en ai tout de même vu un passer sur la pelouse...

Si vous êtes un animal domestique, vous avez plus de souci à vous faire. Les chiens sont de temps en temps attaqués, voire dévorés, comme c'est arrivé il y a peu de temps à un pauvre Husky. Voyez en vidéo l'arrestation en bonne et due forme par les autorités dudit alligator criminel:

Alligator that killed 85-pound husky captured Monday morning

The alligator that killed an 85-pound husky in a neighborhood on Hilton Head Island last week was captured on Monday, March 28. Joe Maffo of Critter Management, and his grandson, Joe, 15, teamed up to corral the 7-foot male in a pond on the "Golden Bear" golf course at Indigo Run, at around 11 a.m.

http://www.islandpacket.com

Adorable tangara: celui-ci semble maquillé (trop).

Hilton Head Island Audubon Society

Hilton Head Island Audubon Society ~ Hilton Head Island SC

http://www.hiltonheadaudubon.org

Les tortues à carapace noire pullulent aussi dans le marigot, mais semblent être des tortues carnivores, car elles se désintéressent de la salade...

Observation de tortues depuis la hauteur de l'escalier...

Et le soir, concert de grenouilles.

Les arbres sont recouverts de "Spanish moss", cette plante qui pend des arbres dans le bayou Louisianais, mais qui n'est ni une mousse, ni un parasite. Cette plante donne un côté mélancolique au marais, et évoque immédiatement le sud américain. Les colons français de Louisiane, à la recherche de matériaux pour bâtir leurs maisons et ne retrouvant rien qui puisse remplacer la paille utilisée pour faire du torchis, se servir de Spanish moss mélangée à de l'argile pour faire des boudins de pâte ensuite modelée sur une structure en bois. En durcissant, ce faux torchis devenait un bon isolant qu'on recouvrait simplement de lattes de bois minces. Bien plus tard, Henri Ford utilisa, lui aussi, cette "mousse", pour rembourer les sièges de ses fameuses automobiles, avant l'invention du synthétique. 

Des dauphins peuvent aussi être observés sans difficulté de ce côté de l'océan atlantique où quand le soleil se couche, il est dans notre dos et non pas en face de nous en train de s'enfoncer dans l'océan...

Hilton Head... le rêve...

Nous renonçons à notre étape en Floride, car des orages violents y sont annoncés. Nous décidons de rejoindre la côte est par les terres et de faire une halte dans la ville historique de Montgomery, en Alabama.

La ville où a débuté le mouvement pour les Droits Civiques (Civil Rights Movement)

Montgomery abrita la première Maison Blanche de la Confédération, car elle fut choisie comme première capitale des Etats Confédérés en 1861.

Montgomery est aussi la ville où l'histoire de la lutte pour les droits civiques commença dans les années 5O. Les noirs avaient acquis leur émancipation depuis 85 ans, mais étaient victimes de ségrégation dans tous les domaines. Le vieux sud ne les avait pas intégré, mais toléré à la marge de leur société, où tous les lieux publics existaient en double: cinémas, restaurants, bus avec à l'avant les blancs, à l'arrière les noirs, toilettes, écoles, universités etc... Les lois "Jim Crow", entre 1876 et 1965, (du nom de la chanson 'Jump Jim Crow' écrite par un chansonnier grimé en noir dont le spectacle à succès caricaturait les noirs) distinguaient les citoyens selon leur appartenance raciale, tout en affichant un égalitarisme de façade ("separate but equal"), car bien sûr, les lieux publics destinés aux noirs étaient délabrés, ou sales.

Le Vieux Sud se livra à une violence inimaginable envers les noirs suspectés de crimes, allant jusqu'à les traîner hors des tribunaux pour les lyncher ou les supplicier en public. Les visages calmes des citoyens venus assister à une scène de pendaison comme s'ils étaient à la fête du village sont choquants et montrent que cette violence étaient complètement banalisée.

 C'est dans ce contexte d'injustices quotidiennes et de violences répétées de la part des citoyens et du Ku Klux Klan que le mouvement pour les droits civiques naquit. En 1955, Rosa Parks refusa de laisser sa place dans un bus à un blanc, ce qui était la règle s'il n'y avait plus de place.

Elle fut conduite à la police et poursuivie. La communauté noire décida de boycotter les bus pour manifester son soutien à Rosa Parks. Celle-ci, en refusant de se conformer à la loi, n'agissait pas sur un coup de tête mais savait très bien ce qu'elle faisait. Elle était militante et cherchait un moyen d'agir. Preuve que les résistances étaient fortes, le boycott dura plus d'un an, durant lequel il fallut aller à pied à son travail, ou s'organiser avec ceux qui avaient la chance de posséder une voiture et acceptèrent de servir de taxi pour le prix d'un ticket de bus. Martin Luther King avait 23 ans lorqu'il fut envoyé en 1952 comme pasteur à Montgomery. Il ne souhaitait pas s'impliquer, nous explique la vieille dame qui l'a connu et qui fait aujourd'hui visiter la maison jadis occupée par la famille King pendant 4 ans. Mais sous la pression de ses paroissiens, et après la pose d'une bombe sous le porche de sa maison, pour la seconde fois, King réfléchit et décida de s'engager en prenant la tête du mouvement qui allait conduire à la décision de la Cour Suprême de déclarer la loi de ségrégation dans les bus anticonstitutionnelle.

La maison de Martin Luther King a conservé une grande partie des meubles qui étaient là à l'époque du célèbre pasteur, comme l'attestent les photos. La "dining room" a vu moultes réunions de militants, et dans la cuisine, M.L.King a pris la décision, en pleine nuit, d'affronter la violence des ségrégationnistes en prenant le leadership du mouvement. S'il n'avait pas été un pacifiste, partisan de la résitance non-violente, les événements auraient conduit à des bains de sang, comme après le plasticage de sa propre maison, où il a simplement demandé à la foule furieuse et armée de rentrer à la maison. Seul son sang-froid et son refus d'actions violentes a permis que le mouvement ne dégénère pas.

Musée Rosa Parks:

Le musée propose de monter à bord d'un bus pour "remonter le temps" grâce à une vidéo et comprendre le déroulement des événements qui ont conduit au mouvement pour les Droits Civiques.

L'élise baptiste où Martin Luther King délivrait ses célèbres sermons.

Le capitole de Montgomery, juste à côté de l'église baptiste.

 Martin Luther King fut assassiné en 1968. Avait-il pris trop d'importance auprès des Kennedy, était-il trop impliqué dans l'opposition à la guerre du Vietnam?

Maison de Francis Scott Fitzgerald

 L'auteur de Gatsby le magnifique a vécu à Montgomery pendant une courte période. Sa maison, où sont exposés des tableaux de sa femme Zelda, se visite.

Bernard et Bianca dans le Bayou du diable? Orville le goéland, Evinrude la libellule (Ole Evinrude étant l'inventeur américain du premier moteur de hors-bord...), Brutus et Néron, les deux affreux alligators de la méchante Médusa, Luc, la souris cajun du marais, les arbres couverts de spanish moss tombante, le bateau à roue à aube pourri... Tout est là pour composer une image assez fidèle du bayou de Louisiane!

D'après un terme indien désignant des rivières stagnantes et des criques, le bayou de Louisine est formé des méandres du Mississipi. Son roi est l'alligator, qui y pullule - 2 millions d'alligators en Louisiane, 4,5 millions d'habitants!

On peut voir les bayous de loin, l'Interstate 10 les traversant, ou de près, en bateau par des tours organisés dans les nombreux bayous à l'ouest de New Orleans.

Notre tour s'enfonce dans des bras de bayou étroits, puis navigue sur la rivière Pear, où des téméraires se baignent. Les alligators ont un territoire, aussi, quand le bateau s'arrête à des endroits précis, ils viennent par habitude chercher la viande que leur donne le guide. Dans la nature, les alligators fuiraient l'homme, mais ceux-là ont perdu leur instinct et sont un peu domestiqués, ce qui ne les empêcherait pas de mordre une main qui pendrait dans l'eau.

Les rives de la rivière Pearl sont habitées: tout un village Cajun ancien et assez délabré se laisse découvrir. Les maisons sont sur pilotis, certaines affaissées et très délabrées, mais à de rares exceptions près, où elles ont à moitié coulé, elles sont encore habitées et semblent avoir l'électricité. 

 Ca ne serait pas mon rêve d'habiter ici, à côté de serpents de toute taille, de sangsues, d'alligators et de moustiques géants... Il y a aussi beaucoup d'oiseaux, des aigrettes, des hérons, des chouettes.

Un peu plus loin, un véritable quartier cossu se dessine, avec belles villas, grands embarcadères, pelouses fraiches... Des stars comme Miley Cyrus vivent ici.

On peut aussi voir des alligators dans des fermes d'alligators et de tortues, spécialisées dans la production d'oeufs qui sont ensuite vendus en Chine.

Kleiber's alligator and turtle farm ouvre ses portes et permet de découvrir le lieu d'élevage de 250 alligators et 47 000 tortues qui vivent dans de grands étangs couverts de nénuphars. Notre guide connaît bien ses bêtes, et sait comment les approcher... pieds nus. Il les appelle en tapant l'eau avec un bâton. Ce sont toujours les mêmes qui s'approchent, car ils ont un territoire. Ils ne sont pas agressifs et restent dans l'eau à attendre un morceau de viande.

 C'est un bon endroit pour voir des alligators de près, et même en toucher!

Les petits ont des dents minuscules qui ne font pas mal.

Les gros sont déjà des vieux alligators, d'environ 60 ans. Quant aux tortues, les petites peuvent se faire très vieilles aussi, et les grosses ont150 ans... Ces grosses tortues possèdent la machoire la plus forte de tout le règne animal, plus forte que celle du  lion ou du requin.

C'est grâce au bayou que la cuisine Cajun a pu se développer. Ce sont les Acadiens, anciennement venus du Poitou, chassés du Canada lors de l'épisode du "Grand dérangement" en 1755, qui après une errance sur la côte est, vinrent s'installer ici. Le nom fut déformé en "Cajun". Ces pauvres blancs relégués dans les terres les moins enviables de Louisiane réussirent à élaborer avec les produits qu'ils avaient sous la main une cuisine délicieuse, à base de poisson-chat (catfish), écrevisses (crawfish), alligator, tortue, crevettes, et les épices des Caraïbes proches: le gombo (ragoût de viande ou de crustacés), le jambalaya, le po'boy ("poor boy", pauvre garçon, un sandwitch à base de poisson ou crustacés)...

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Avec un petit air de musique Cajun, c'est encore meilleur!

La Louisiane française

La Louisiane a un passé lié à l'histoire de France, et entretient encore aujourd'hui un rapport particulier avec notre pays et la langue française, que des descendants de créoles parlent encore, même rudimentairement (4,68% de francophones en tout). C'est un état de noirs et de blancs, dont le passé esclavagiste reste criant, tant il a marqué les lieux et façonné la population d'aujourd'hui. 67,3% de blancs, 30,8% de noirs, 3% de créoles (descendants venus avec les premiers colons français ou espagnols, donc noirs ou blancs) et Cajuns (descendants des Acadiens chassés du Canada par les Britanniques en 1755.) Les noms des villes sont des noms français: Bâton rouge, Thibodeaux, Lafayette, Metairie, Vacherie, Abbeville...

La Louisiane d'aujourd'hui n'est qu'un tout petit bout de ce qu'on désignait sous le nom de Louisiane au XVIIIème siècle, en hommage au Roi Lumière.

La Louisiane ne fut jamais aussi grande qu'en 1720, où elle équivalait à la moitié de l'actuel territoire américain: en bleu clair et bleu foncé sur la carte ci-dessous.

C'est l'explorateurs René-Robert Cavelier de La Salle qui découvrit les territoires situés entre la vallée du St-Laurent (Québec actuel) et le delta du Mississipi, et donna en 1682 à cet immense contrée le nom de "Louisiane" en hommage au Roi Louis XIV. La Nouvelle Orléans fut fondée en 1718 en hommage au Régent Philippe d'Orléans.

En 1763, Louis XV vend les vastes territoire du Mississipi à l'Espagne, puis en 1800, sous l'influence des révolutionnaires qui déploraient l'abandon de ce riche territoire comme une erreur de la monarchie, un traité rend la Louisiane à la France. La Louisiane, avec le fleuve Mississsipi, voie essentielle au commerce, est un enjeu essentiel pour L'Angleterre, l'Espagne et la France. Jefferson préfère la diplomatie à la guerre contre Bonaparte, et obtient le rachat de la Louisiane pour 80 millions de dollars, l'empereur ne croyant plus en la conquête de ce territoire. C'est un coup pour l'Angleterre et un gage fort de l'amitié franco-américaine.

Les plantations, l'esclavage

L'importation d'esclaves africains est décidée au début du XVIIIème siècle, pour développer l'économie de plantation fondée sur la culture de la canne à sucre et du coton. En trente ans, 6000 hommes noirs sont victimes du commerce triangulaire dont la Compagnie des Indes a le monopole. La traite fut interdite en 1807, mais l'emploi d'esclaves resta, lui, légal. Le 31 janvier 1865, il y a 151 ans seulement, le 13ème amendement abolissait l'esclavage aux Etats-Unis.

Le terme de "plantation" désigne l'ensemble constitué par la demeure, dite "antebellum", souvent de style néo-grec, avec des colonnes et une galerie, et ses terres.

Sur les 350 plantations que comptait la Louisiane autrefois, il n'en subsiste que 7. Elles étaient toutes construites sur l'une ou l'autre rive du Mississipi, qui permettait l'irrigation et constituait une voie de transport idéale pour les marchandises produites. Elles furent vandalisées pendant la guerre de Sécession, ou bien déclinèrent lentement quand de nouveaux textiles apparurent, ou furent laissées à l'abandon ensuite.

Ces plantations ont été restaurées et se visitent sous l'angle de la splendeur, des antiquités et des portraits d'aïeuls. Les cabanes des esclaves, à l'écart de la demeure, ont été préservées et permettent un peu de se rendre compte des conditions misérables des centaines d'esclaves que chaque plantation possédait. La réalité de l'esclavage était un travail dur, le droit pour les maîtres de punir leurs esclaves comme il leur semblait, de les mutiler s'ils essayaient de s'enfuir, de vendre leurs enfants lorsqu'ils avaient l'âge de travailler (14 ans).

Les affranchis existaient, soit parce qu'un maître reconnaissant leur rendait leur liberté à sa mort ou lorsqu'ils étaient vieux, mais restaient des cas isolés. Le faubourg Trémé à la Nouvelle Orléans, à la lisière nord du French Quater,  sorte de village coloré et cossu des Caraïbes, considéré par les historiens comme l'un des fondements les plus anciens de la communauté noire d'Amérique, était peuplé de gens de couleur libres, des créoles francophones à la peau claire, qui avaient réussi dans le petit commerce et les affaires. Les femmes y gagnaient une ascension sociale grâce aux Bals de la Société du Cordon Bleu, dirigées par des mères créoles qui cherchaient à assurer un avenir à leurs filles auprès de riches blancs, qui devenaient leurs protecteur jusqu'à leur propre mariage et leur assuraient un toit, ou pire, au bal des quarteronnes, qui avait pour but de placer des filles de riches créoles auprès de blancs dont elles devenaient des maîtresses "officielles", à tel point qu'on appellait ces relations "mariage de la main gauche". Il n'y avait en effet pas assez de créoles de sexe masculin pour marier toutes ces jeunes femmes métis, et comme elles recevaient une bonne éducation et provenaient de familles riches, tout était fait pour que ces placements se fassent dans le respect de la morale et de la dignité. Beaucoup de ces femmes devinrent très riches, les héritiers légitimes et illégitimes recevant la même part d'héritage, un arrangement grandement approuvé par l'église. Il arrivait même que certains de leurs enfants reçoivent une éducation en France. Ce système fut responsable de la création d'une "troisième race", entre le maître et l'esclave.

Pour en savoir plus, en anglais (à partir de la page 64):

Creole

The word Creole evokes a richness rivaled only by the term's widespread misunderstanding. Now both aspects of this unique people and culture are given thorough, illuminating scrutiny in Creole, a comprehensive, multidisciplinary history of Louisiana's Creole population.

https://books.google.com

 Faubourg de Trémé.

Maisone rectangulaires longues, très colorées, typiques du style des Caraïbes du magnifique Faubourg Trémé, moins fréquenté par les touristes.

La plus vieille plantation de Louisiane est la plantation de Destrehan, joliment restaurée.

Homepage | Destrehan Plantation

An antebellum mansion, 25 miles from New Orleans,. in the French Colonial style, modified with Greek Revival architectural elements.

http://www.destrehanplantation.org

 Les guides portent des tenues qui se veulent d'époque. La visite est censée parler de tous ceux qui ont vécu à la plantation. Une fois Marguerite, l'esclave cuisinière dépeinte en quelques mots, c'est de la dynastie familiale qu'il est question. La visite des cabanes des esclaves et de l'exposition sur la révolte des esclaves qui eut lieu ici se fait seul.

La plantation la plus célèbre est Oak Alley ("l'allée des chênes"), connue pour son allée de chênes plantés au milieu du XVIIème siècle, bien avant la demeure.

 La visite d'Oak Alley est décevante: expédiée en une demie-heure, peu riche en anecdotes intéressantes, elle se concentre sur deux ou trois personnages falots et fait découvrir la salle à manger au rez-de-chaussée, un petit bureau, et deux chambres à l'étage, toutes pièces bien meublées et agréables à regarder.

Puis on sort sur la galerie pour contempler du premier étage la splendide vue sur l'allée de chênes ancestraux.

Et c'est fini. La guide ajoute qu'elle n'a pas parlé des esclaves, car il y aurait trop à dire, et comme il y a par ailleurs tant à expliquer sur la plantation, mieux vaut ne rien dire sur l'esclavage. Néammoins, 6 cabanes d'esclaves sommairement meublées comme à l'époque pallient avantageusement ce petit manque, ainsi que quelques panneaux sur lesquels nom et valeur des esclaves apparaissent!

Eh bien, si cela n'est pas du déni! On gomme ainsi toute vilaine ombre au tableau si gracieux d'une famille vivant une douce existence dans la fraîcheur de leur grande maison, tandis que la centaine d'esclaves qui les servait n'avait d'autre droit que celui de trimer dans les champs ou dans les cuisines, réduits à la condition de bêtes de somme! Mais la réalité des coups de fouet, du marquage au fer, du droit de cuissage, de la vente de leurs propres enfants métis par le maître est-elle obscène au point qu'on veuille faire croire qu'elle n'a pas existé? Assumons la réalité historique au lieu de la travestir au point de vouloir faire de ces plantations des annexes de Disneyland... Si vous ne l'avez pas vu, voyez Twelve Years a Slave (2014, de Steve Mc Queen, mais pas le même), l'histoire vraie de Solomon Northurp, un musicien noir libre qui vit dans le nord et se fait enlever par des "braconniers sudistes" qui le revendent comme esclave. Transformer un homme en esclave signifiait lui enlever son identité, en changeant son nom en nom américain ou français, le priver de ses enfants, vendus au loin, l'extraire de la société humaine pour en faire un bien avec une valeur propre.

" 12 Years a Slave " : l'esclavage, une infamie qui broie les corps

Lire l'entretien avec Steve McQueen, par Franck Nouchi Il ne fallait pas être grand clerc pour se douter que l'affaire tournerait chez lui autrement que chez ses illustres prédécesseurs. De fait, 12 Years a Slave n'a rien à voir avec un western spaghetti, ce n'est pas davantage un film à la gloire de la démocratie américaine.

http://www.lemonde.fr

Des photos de la plantation, qui reste un lieu historique à préserver, mais dans toute sa réalité.

Photo Gallery

Many of these photos are available in our book, Capturing Oak Alley, which available for purchase during your tour at the Big House or online.

http://www.oakalleyplantation.com

Laura Plantation, dont les descendants, qui parlent un peu français, assurent la visite, plus complète que la précédente: 

Laura, A Creole Plantation

An historic sugar plantation built in 1805. Offers tours based on The Memoirs of Laura, a detailed account of 200 years of life on this farm.

http://www.lauraplantation.com

Le French Quarter

Le vieux carré est le centre historique de la Nouvelle Orléans, dont le plan a été dessiné par le Français Adrien de Pauger, à angles droit. Il porte les traces des premiers habitants, des Français et des Espagnols. Ses rues portent des noms français donnés par A de Pauge: Bourbon, d'Orléans, Royale, Saint-Louis, Toulouse, Chartres...

Jackson square (autrefois "La Place d'armes, où les criminels et esclaves en fuite étaient pendus publiquement.)

Antoine, restaurant créole ouvert en 1840.

Noirs aujourd'hui

L'image de la Nouvelle Orléans a souffert après le passage du cyclone Katrina, quand les autorités ont été accusées de laisser pour compte des milliers de noirs sans toit...

Vent de désespoir chez les Noirs de Louisiane

Louisiane envoyé spécial Sur les murs, un canevas brodé main interroge : "A combien d'ici est le paradis ?" La question arrache un maigre sourire à Lilly Schaffer, "aussi dévastée que La Nouvelle-Orléans". Lilly, 70 ans, veut croire qu'il ne s'agit pas que d'un "cauchemar".

http://www.liberation

La Francophonie

Des Africains à la rescousse de la culture cajun

De plus en plus de francophones venus de différents pays d'Afrique enseignent en Louisiane. Ils contribuent à y préserver la langue française.

http://www.courrierinternational.com

Nous quittons Moab et ses 28 degrés pour Denver, où nous devons prendre l'avion, avec une étape à 400 kms, à Avalon, petite station de ski à côté d'Aspen, la très célèbre et chic station de ski des personnalités américaines et internationales. 

C'est encore de la route, mais chacun développe des stratégies pour ne pas s'ennuyer, et puis, il y a toujours quelque chose à voir sur la route.

Nous longeons la rivière Colorado de l'Utah jusqu'au Colorado, et les paysages, qui étaient à Moab ceux d'une rivière sans retour, deviennent en quelques centaines de kilomètres des paysages de montagne.

           Alors que la nature devient de plus en plus verdoyante, nous nous rendons compte que nous n'avons plus du tout l'habitude de voir de l'herbe et des feuilles, et que cet état de nature est pour nous une vision surnaturelle! Pendant 4 mois, nous n'avons pas vu autre chose que de la terre desséchée, ocre ou rouge, et toute la verdure que nous avions autour de nous était celle, vert pale, des palmiers ou des cactus. Bien sûr, il y avait l'herbe verte des pelouses des beaux quartiers, mais ces petits carrés se trouvaient toujours sur fond de nature assoiffée.

Tandis que nous avançons, le ciel noir à l'horizon se zèbre d'éclairs qui se fichent dans le sol. Sans que nous nous y attendions le moins du monde, notre voiture est foudroyée par un éclair qui vient heurter une vitre en faisant un gros "ploc". Plus de peur que de mal. Nous savions que rouler pendant un orage n'était pas dangereux, et en avons désormais la preuve! Ce phénomène s'explique par l'effet "cage de Faraday" de l'habitacle: le métal de la carosserie de la voiture reliée à la terre la rend étanche aux courants électriques. 

Denver

Denver, capitale du Colorado, est une ville américaine de taille moyenne (650 000 habitants), la plus grosse de l'état, aux pieds des montagnes Rocheuses. Les gratte-ciels se découpent sur fond d'immense chaîne montagneuse, ce qui n'est pas commun. Son surnom est "the mile-high city", car elle est à une altitude de 1600/1700 mètres (un mile). Le Colorado tout entier se trouve à plus de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Les Indiens qui occupaient ces territoires étaient des Navajo, des Cherokee, et des Sioux et des Apaches. Il y a deux réserves indiennes au Colorado, qui comptent près de 3000 Indiens.

Puis les Français et les Espagnols firent commerce de peaux dans cette région.

Denver tient à son passé historique de ville de l'ouest et d'ancienne capitale des chercheurs d'or. Elle organise chaque année un festival de rodéo.

Larimer square est la rue la plus ancienne de la ville, dans le quartier dit de "LoDo", "Lower Downtown", la partie basse du centre-ville. C'est là que l'ancienne colonie qui devint ensuite l'importante ville de Denver s'installa. Après que de l'or fut découvert en 1848 dans la rivière de South Platte, le général Larimer supervisa la construction de maison en bois pour les chercheurs d'or qui se précipitèrent vers la ville. Larimer était alors une rue où se trouvaient surtout des saloons et quelques magasins. Les anciennes maisons de style Victorien, en brique rouge, construites plus tard, abritent maintenant cafés et restaurants en terrasse, dans une portion de quartier assez animé.

 Tout à fait différente, l'artère principale, la 16ème rue, a une modernité années 80, et fait un peu penser à une grande ville au passé industriel comme Manchester, ou portuaire comme Hambourg. Il y a deux kilomètres de magasins qu'on peut parcourir à pied ou dans une navette, gratuite.

Denver serait la ville américaine qui compterait le moins de gens en surpoids, grâce aux activités multiples qui peuvent être pratiquées: randonnée, ski, rafting...

Il se trouve que ce jour où nous sommes de passage à Denver est le "Day of rock": pas mal de groupes sont installés dans la rue et jouent pour tout le monde. C'est par ce genre de drôle de hasard que nous nous sommes retrouvés à Amsterdam le jour du roi, qui attire un million de personnes, ou le jour du carnaval géant à La Nouvelle Orléans il y a longtemps...

  Le "Day of rock" est un événement familial qui reste modeste, même si des groupes connus comme "Gipsy Moon", qui joue de l'"acoustic folk music", un mélange de blue grass et de soul sont là.

Pas le temps d'explorer davantage Denver. Il y aurait pourtant encore de superbes parcs à découvrir, aux roches rouges ("Colorado" veut dire "coloré").

Nous nous envolons vers la capitale de la Louisiane, La Nouvelle Orléans, avec nos 150 kgs de bagages péniblement compactés...

Arches est certainement le parc qui nous a le plus impressionnés, à la fois parce que ses arches de grès rouge sont surréalistes, et parce que le visiteur est au coeur du parc, peut s'y promener librement, au contraire de Canyonlands ou Bryce, où on est en surplomb.

Lorsqu'on quitte Moab pour se rendre à Arches, à 8kms, on est accueilli par une immense falaise rouge surplombée de gros rochers qui semblent en équilibre. Les flancs de la falaise sont comme marqués de vagues, traces de l'érosion de la mer qui se trouvait là autrefois. Plus en avant, des blocs monstrueux marron rouge hauts comme vingt fois la Tour Eiffel se dressent comme de grandioses sarcophages.

La roche étant constituée de couches plus ou moins friables, l'érosion a fait disparaître les parties les plus tendres, créant de magnifiques arches naturelles inimaginables.

"Delicate Arch", le symbole de l'Utah.

En s'enfonçant un peu plus loin dans le parc, les paysages verdoient, et d'autres formations rocheuses surgissent comme de gigantesques personnages sympathiques.

  Si vous connaissez Claude Ponti, auteur d'albums pour enfants, vous comprendrez ce que je veux dire.

  Les pierres aux formes arrondies ou au contraire aux angles abrupts, qui semblent attendre quelque chose depuis la nuit des temps, le vert de la prairie décliné dans toutes ses nuances, l'inattendu ciel tourmenté, les montagnes aux cimes blanches en arrière-plan: l'extravagance de cet ensemble semble être l'oeuvre d'un dessinateur audacieux.

 Le parc prend de faux airs de lande écossaise sous le ciel d'orage.

Au loin, les montagnes aux cimes enneigées de La Sal.

Ces arches uniques ont valu à l'Utah d'être le lieu de tournage de nombreux films, dont Indiana Jones, Star Wars, et Thelma et Louise.

Moab Movie Locations - Take a tour of some of Moab's famous movie locations.

Since 1949 the Moab area has been a popular location for Hollywood movies. Movies filmed in our area range from the old John Wayne classics to more recent hits such as The Lone Ranger, 127 Hours, and John Carter.

http://www.discovermoab.com

                  Star Wars, The Phantom Menace (1999).